Présentation et description du site SurfHydrodynamics.com decié à l'hydrodynamique et à la physique du surf:

Nous sommes libres d’inventer nos trajectoires, mais guidés par notre perception du monde, nous le surfons comme nous sommes, différents dans nos certitudes, nos doutes, notre culture, et heureusement, notre imagination. « Shaper » une planche c’est tailler l’outil de cette liberté, imaginer le vaisseau qui nous propulse dans la vague. Cet outil est une prise dans le présent, fluide. Lorsqu’elle sert naturellement nos intentions, une planche est intuitive. Et si elle inspire nos trajectoires, elle devient alors magique ! Comment décrire objectivement les qualités, ou défauts, d’un shape s’ils dépendent de notre perception subjective ? Comment exprimer notre sensation de glisse, en diagnostique utile, et perfectionner l’outil de nos prochaines trajectoires ? Cet ouvrage expose des arguments Hydrodynamiques détaillés, appliqués au surf, pouvant étayer l’échange d’expérience entre l’instant du surf et le moment du shape.

Les analyses de fonctionnement des planches de surf, divergent en fonction des angles d’observations et des outils de chacun. Ces divergences diminuent en définissant ensemble le repère et la méthode d’analyse. L’hydrodynamique, appliquée ici, établit un repère relatif au surfeur, et expose sa méthode : la quantification physique des forces par variation de quantité de mouvements, l’analyse cartésienne des éléments hydrodynamiques du surf, et l’analyse systémique du déséquilibre et retour (ou pas) à l’équilibre, du surfeur en mouvement.

Du grec ancien : húdrios « d’eau » et dynamikos « puissant », « Efficace », l’hydrodynamique enseigne l’art du mouvement efficace dans l’eau. En décrivant le planing, cette science offre au surfeur une vision de l’énergie coulant autour de lui. La maitrise de cet art, s’exerce aussi en sculptant les lignes fluides de nos shapes : une forme est belle quand elle est efficace, car elle guide ou incise le fluide en douceur, sans turbulences inutiles. L’instinct du shaper s’exprime naturellement, car capter l’énergie de l’eau, ou de l’air, c’est imaginer le flux abordant notre aile, ajuster l’angle, adapter la courbure, en cherchant la finesse du vol. L’hydrodynamicien, l’enfant shaper, ou le surfeur, caresse la rivière. Il vit l’expérience intime d’une particule emportée dans le flux et d’un oiseau planant dans l’ascendance invisible. Plongé dans le mouvement du présent, notre instinct observe, expérimente et argumente notre connaissance du monde.

Mais sans mémoire, l’étude des fluides est un labyrinthe de paramètres qui ne peut être cartographié en une seule vie d’expérimentation. Heureusement, des repères nous dirigent au-delà de notre expérience individuelle. Observons l’onde de savoir, expérimental et instinctif, propagée par Archimède, Reynolds, Bernoulli, Lindsay Lord, Stavisky, Tom Blake, Bob Simmons et autres rencontres de plages, comme autant de vies d’enfants curieux, s’amusants sur la rive. Les visions qu’ils nous soufflent, constituent notre mémoire collective, elle nous oriente dans la physique intemporelle du mouvement de l’eau. Ramons sur quelques équations si cela est nécessaire, mais ne ratons pas cette houle de mémoire, cette épaule de géant dont nous sommes tous les humbles héritiers.

 

Nous communiquons naturellement nos sensations en utilisant des images, même pour décrire des concepts physiques abstraits : Le surfeur mime l’accélération en projetant son bassin vers l’avant, il traduit ainsi son désir d’accélérer, plutôt que le résultat d’une accélération qui le ferait basculer en arrière. Il parle de surface d’eau tendue en frappant sa paume, pour exprimer le durcissement induit par la pression dynamique de la vitesse relative, au moment de l’impact. Pour décrire les courbes, il pose, les bras en balancier, et dessine les trajectoires en déplaçant son centre de gravité dans l’espace. Dans son mime, le surfeur exprime des équilibres et des appuis, que doivent formuler précisément l’analyse de manœuvrabilité d’une planche. Mais cette gestuelle dévoile surtout, l’objectif que le regard du surfeur désigne dans la vague : Une belle trajectoire commence toujours par la direction du regard. Ce vecteur pointe l’origine du repère, le référentiel que doit intégrer l’hydrodynamicien, pour accorder son analyse avec la réalité du surfeur : Le Still-point.

Le surfeur et sa planche gravitent autour du « Still-point », le cheminement proposé ici fait donc de même. Nous puiserons dans ce concept de la culture surf, pour extraire de sa mythologie, une réalité physique concrète établissant notre repère dans la vague. Les vitesses relatives dans les vagues sont abordées dans certaines références [ (Bascon), (Hendricks), (Kinstle) (Anderson, Brewer, Lis, & Mctavish), (N. Lavery), (PAINE)], qui expriment l’importance du référentiel choisi. En observant le Still-point en mouvement, la description dynamique du surf offre des éclairages utiles pour le surfeur et le shaper.

Dans la lumière rasante de ce repère, nous comprendrons comment une planche traduit nos intentions en trajectoires. Nous décrirons le caractère intuitif d’une planche en inventoriant les paramètres de manœuvrabilité qui régissent sa dynamique. Nous proposerons les méthodes numériques, argumentant les phénomènes hydrodynamiques des éléments actifs caractérisant une planche. Nous proposerons aussi des pistes d’optimisations, appliquées au niveau des rails, du nose et des ailerons.

Voici donc une boite à outils d’analyse du surf. Elle résulte de travaux hydrodynamiques, sessions de surf, expériences de Wakesurf, d’échanges, lecture, et du développement de logiciels fluides intégrants la logique intuitive du surf. Ceci est le carnet d’atelier d’un apprenti surfeur-shaper élaborant et affinant sa méthode de conception et d’analyse du surf. Certaines redondances et tournures de phrases, prouverons au lecteur que l’auteur est un technicien sans prétentions littéraires. Mais une lecture bienveillante et curieuse, trouvera peut-être dans ces notes, l’inspiration de belles trajectoires de rabots. Si vous y trouvez quelques méthodes précisant votre vision, des arguments affûtés pour exprimer votre intuition, ou simplement un levier favorisant votre créativité, l’objectif de cette synthèse sera atteint. Si vous y retrouvez mon petit rabot de latte, au milieu d’un tas de copeaux, merci de me le rapporter.

Jf Iglesias

Séance shape expérimental « Hydroactive Project » Photo: Nd Surf Guéthary France